LE BENCHMARKING : UN OUTIL STRATÉGIQUE EN MARKETING, COMMUNICATION ET STRATÉGIE

Le benchmark (ou benchmarking) est une démarche d’analyse comparative qui consiste à évaluer les performances, pratiques ou résultats d’une organisation par rapport à d’autres acteurs (concurrents directs, indirects ou références sectorielles). Autrement dit, il s’agit d’observer et mesurer ce que font d’autres entreprises afin de situer sa propre position sur le marché et d’identifier des pistes d’amélioration. Cette pratique, de plus en plus répandue en marketing et en communication, est un outil précieux pour obtenir une vision claire de son positionnement dans son secteur.

Pourquoi les entreprises et les marques doivent-elles intégrer le benchmark dans leur stratégie de communication et de marketing ? Tout simplement parce que dans un environnement concurrentiel en constante évolution, il est essentiel de s’informer en continu des tendances et des meilleures pratiques pour rester performant. Le benchmarking fournit des informations clés pour guider les décisions stratégiques et favoriser l’innovation. En effet, il permet notamment :

• d’identifier les meilleures pratiques du marché et s’en inspirer pour gagner en compétitivité ;

• de détecter les forces et faiblesses de son entreprise en les comparant à celles de la concurrence, afin de mieux cibler les axes d’amélioration ;

• de prendre des décisions éclairées en s’appuyant sur des données comparatives objectives ;

• de stimuler l’innovation en repérant ce qui fonctionne ailleurs et en l’adaptant à son contexte ;

• d’optimiser l’allocation des ressources (humaines, financières, techniques) en concentrant les efforts sur ce qui apporte le plus de valeur.

Intégrer un processus de benchmark régulier dans sa stratégie permet donc aux marques de ne pas « naviguer à vue » sur leur marché, d’ajuster en continu leur positionnement et leurs actions de communication/marketing, et de maintenir un avantage concurrentiel dans la durée.

Les Types de Benchmark

Le benchmarking peut prendre plusieurs formes en fonction des objectifs recherchés et du périmètre d’analyse. Chacun de ces types de benchmark apporte un éclairage différent – interne ou externe, global ou spécifique – et peut être utilisé de manière complémentaire pour obtenir une vision d’ensemble. Voici les principales formes de benchmark et leurs applications :

1. Benchmark concurrentiel

Le benchmarking concurrentiel est sans doute le plus courant et le plus instinctif. Il s’agit de se comparer aux concurrents directs et indirects sur son marché, dans l’objectif de les surpasser ou de combler l’écart. Concrètement, on va analyser en profondeur les produits, services, stratégies marketing ou communications de ses concurrents pour en dégager des enseignements. Ce type de benchmark met l’accent sur ce qui est visible pour les clients (offre, prix, communication, expérience client) plutôt que sur les processus internes.

En pratiquant un benchmark concurrentiel, une entreprise peut par exemple dresser la liste des forces et faiblesses de chacun de ses rivaux : qui propose les fonctionnalités les plus innovantes, qui a le meilleur service client, qui est le plus visible en ligne, etc. Par exemple, une marque de prêt-à-porter pourrait comparer la présence sur les réseaux sociaux et les campagnes publicitaires de ses principaux concurrents pour évaluer comment améliorer sa propre visibilité. De même, dans le secteur automobile, un constructeur peut analyser les lancements de produits et la communication de ses concurrents afin d’ajuster son positionnement marketing sur un nouveau modèle. Le benchmark concurrentiel nécessite souvent une veille concurrentielle active (suivi des actualités, campagnes, nouveautés des autres acteurs) et l’utilisation d’outils d’analyse externe. Bien qu’indispensable, il peut être difficile à mener en profondeur car certaines données stratégiques des concurrents ne sont pas publiques (ventes précises, marges, processus internes, etc.). Néanmoins, il reste un outil clé pour comprendre son environnement concurrentiel et s’en démarquer.

2. Benchmark interne

Le benchmarking interne consiste à comparer des entités ou processus au sein même de l’entreprise. Cette approche est particulièrement pertinente pour les grandes organisations multi-services ou multi-sites. L’idée est d’identifier en interne quelles équipes, succursales ou produits obtiennent les meilleurs résultats afin d’en tirer des leçons pour l’ensemble de la structure. Par exemple, un groupe hôtelier qui possède plusieurs établissements peut comparer le taux de satisfaction client ou le revenu par chambre de chacun de ses hôtels. S’il apparaît qu’un établissement surpasse les autres grâce à une gestion particulière, ces meilleures pratiques internes pourront être reproduites ailleurs.

Le benchmark interne présente l’avantage d’être relativement aisé à mettre en œuvre, car toutes les données sont disponibles au sein de l’entreprise. C’est un outil d’optimisation continue : en identifiant les processus internes les plus efficaces, l’entreprise peut homogénéiser vers le haut ses standards de performance. Attention toutefois à instaurer une démarche constructive et bienveillante (le but n’est pas de mettre en compétition stérile les équipes, mais de progresser ensemble). Ce type de benchmarking s’inscrit souvent dans des programmes d’amélioration continue de la qualité ou d’optimisation opérationnelle.

3. Benchmark fonctionnel

Le benchmarking fonctionnel vise à comparer et améliorer une fonction ou un processus spécifique de l’entreprise, en allant chercher l’inspiration chez les meilleurs acteurs de ce domaine, potentiellement dans d’autres industries. Il s’agit de sortir du cadre de ses concurrents directs pour observer des entreprises reconnues pour leur excellence sur un aspect particulier, puis adapter ces bonnes pratiques à son propre contexte. Par exemple, une entreprise e-commerce pourrait mener un benchmark fonctionnel sur la logistique en analysant les méthodes d’Amazon ou de La Redoute, leaders dans ce domaine. De même, un hôpital cherchant à améliorer son accueil des patients pourrait s’inspirer des pratiques exemplaires observées dans l’hôtellerie de luxe.

Le benchmark fonctionnel est donc un exercice de transposition des meilleures pratiques : on étudie comment un autre secteur excelle sur un sujet donné (service client, gestion des stocks, innovation produit, etc.) pour en tirer des enseignements applicables à son activité. C’est un excellent moyen d’innover, car il pousse à regarder au-delà de son propre marché. Cette approche est parfois appelée benchmarking horizontal ou benchmarking générique lorsqu’elle compare des organisations de secteurs totalement différents. Par exemple, l’idée des programmes de fidélité dans les compagnies aériennes a pu s’inspirer de pratiques dans la grande distribution, et inversement. L’important est de rester pertinent : toutes les bonnes pratiques ne sont pas transposables telles quelles, il faut les adapter intelligemment à son entreprise.

4. Benchmark digital

Avec la transformation numérique, le benchmark digital s’est imposé comme une composante à part entière du benchmarking, focalisée sur la présence en ligne et les performances numériques. Il consiste à comparer l’efficacité de sa stratégie digitale (site web, réseaux sociaux, référencement, publicité en ligne, applications mobiles, etc.) à celle de ses concurrents ou des leaders du secteur. L’objectif est d’évaluer sa performance sur les canaux numériques et d’identifier des opportunités d’amélioration spécifiques au digital.

Concrètement, le benchmark digital va scruter des indicateurs tels que : le trafic web et le référencement SEO (suis-je aussi bien classé que mes concurrents sur les moteurs de recherche ?), la visibilité sur les réseaux sociaux (taille et engagement de la communauté Facebook/Instagram/LinkedIn, fréquence de publication …), les performances publicitaires en ligne (taux de clics, conversion des campagnes), l’expérience utilisateur (vitesse de chargement du site, taux de rebond, parcours client), ou encore la visibilité sur mobile (classement et avis sur les app stores, si une application existe). Par exemple, une PME peut analyser que le site web d’un concurrent génère beaucoup plus de trafic organique grâce à un blog très actif – ce constat issu d’un benchmark digital l’incitera à renforcer sa propre stratégie de contenu. De même, une marque peut comparer la portée de ses publications sociales à celles de concurrents pour comprendre comment accroître l’engagement. Le benchmark digital s’appuie fortement sur des outils de web analytics et de social listening (voir plus loin) qui fournissent des données chiffrées en temps réel. C’est un levier indispensable aujourd’hui pour ajuster sa stratégie marketing en ligne et rester visible face à la concurrence sur le canal numérique.

Les Étapes d’un Benchmark Réussi

Réaliser un benchmark efficace requiert une démarche méthodique. On peut découper le processus en plusieurs étapes clés, de la préparation jusqu’à l’exploitation des résultats. Voici les étapes essentielles pour mener à bien un benchmarking :

1. Définir les objectifs et le périmètre du benchmark – Avant toute chose, il faut clarifier ce que l’on souhaite comparer et pourquoi. S’agit-il d’améliorer la satisfaction client ? De se situer par rapport à un concurrent précis sur un indicateur donné ? Il est crucial de circonscrire le champ du benchmark. Cette étape s’apparente à une auto-évaluation initiale : l’entreprise identifie ses points sensibles ou les domaines qu’elle veut évaluer (qualité d’un service, performances commerciales, visibilité web, etc.). Par exemple, on peut décider de benchmarker son service après-vente parce que l’on a détecté une baisse de satisfaction client par rapport au standard du marché. Définir des objectifs clairs permet de guider tout le processus et de sélectionner les bons axes de comparaison.

2. Identifier les indicateurs de performance (KPI) pertinents – Une fois les objectifs fixés, il convient de choisir les mesures quantitatives ou qualitatives qui serviront de base de comparaison. Ces KPI (Key Performance Indicators) doivent être en lien direct avec les domaines ciblés et mesurables chez vous comme chez vos concurrents. Il peut s’agir par exemple du taux de conversion d’un site web, du chiffre d’affaires par produit, du taux de satisfaction client (NPS), du nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux, etc. L’important est de retenir des indicateurs comparables et significatifs. Si l’objectif est d’améliorer la visibilité en ligne, des KPI comme le classement SEO sur certains mots-clés, le trafic organique mensuel ou le taux d’engagement sur Instagram seront appropriés. Bien choisir ses indicateurs garantit un benchmark objectivable et exploitable.

3. Sélectionner les entreprises ou références à analyser – Il s’agit de déterminer contre qui ou quoi va se mesurer votre entreprise. Cette sélection dépend du type de benchmark : pour un benchmark concurrentiel, on choisira quelques concurrents directs majeurs (et éventuellement un ou deux indirects) ; pour un benchmark fonctionnel, on ciblera des entreprises reconnues pour leur excellence sur la fonction étudiée (quitte à aller hors secteur) ; pour un benchmark interne, on prendra les divisions ou équipes internes comparables. Il est recommandé de limiter le nombre de références afin de garder l’étude gérable (analyser trop d’entités dilue l’attention). Inversement, ne comparer qu’un seul concurrent serait peu pertinent – et risqué en termes de simple copie. Il faut trouver un juste milieu et surtout bien documenter le choix des références (taille, secteur, modèle économique…) pour contextualiser les comparaisons. Par exemple, une PME industrielle pourrait sélectionner 3 entreprises : deux concurrentes de taille similaire sur son marché national, et un leader européen du secteur pour se mesurer aux meilleurs.

4. Collecter et analyser les données – C’est le cœur du benchmarking. Une fois vos cibles définies et vos indicateurs choisis, il faut rassembler les données chiffrées et informations qualitatives permettant la comparaison. Cette collecte peut se faire via de multiples sources : rapports annuels et chiffres publics (pour des données financières), sites web et outils de veille (pour des données marketing digitales), études de marché, questionnaires ou sondages, analyses SWOT publiées, etc.. Pour le benchmark interne, les données proviendront des bases internes de l’entreprise (tableaux de bord, KPIs internes). Il est crucial de garantir la fiabilité des sources utilisées afin de bâtir des comparaisons solides. Une fois les données recueillies, on les organise souvent dans un tableau comparatif pour faciliter l’analyse. On va alors mesurer les écarts sur chaque KPI entre votre entreprise et les références : par exemple, si votre taux de conversion est de 2% et que les concurrents sont à 3% en moyenne, l’écart est de 1 point, ce qui indique une marge de progression. L’analyse doit chercher à expliquer ces écarts (quels facteurs font que le concurrent fait mieux ?) et à faire ressortir vos avantages et faiblesses relatifs. Cette étape d’analyse aboutit idéalement à un rapport synthétique mettant en avant les principaux enseignements du benchmark.

5. Interpréter les résultats et définir une stratégie d’optimisation – Le but final du benchmarking est l’amélioration. Une fois les résultats en main, il faut traduire les constats en décisions et actions concrètes. D’abord, communiquer en interne les enseignements clés du benchmark aux équipes concernées, afin de partager la compréhension des points à améliorer ou des succès à consolider. Ensuite, élaborer un plan d’action précis : par exemple, si le benchmark a révélé un retard en visibilité digitale, le plan pourra inclure le renforcement du content marketing, une refonte SEO du site, ou une campagne social media ciblée. Chaque recommandation doit être accompagnée d’objectifs clairs (augmenter le trafic de X%, gagner X abonnés, réduire le taux de churn de X points, etc.) et idéalement s’inscrire dans un calendrier. Il est important d’adapter les meilleures pratiques repérées à son contexte plutôt que de les copier aveuglément : le benchmark sert de boussole, mais la stratégie finale doit rester cohérente avec l’identité, les moyens et la clientèle de l’entreprise. Enfin, il ne faut pas oublier que le benchmarking est un processus continu : après mise en œuvre des changements, il convient de mesurer à nouveau l’impact et éventuellement de répéter l’exercice quelques mois plus tard. Ce cycle d’amélioration permanente permet d’ajuster sa stratégie en continu en fonction de l’évolution du marché et de ses concurrents.

Outils et Méthodes de Benchmarking

Pour mener un benchmark efficace, il existe de nombreux outils et méthodes qui facilitent la collecte et l’analyse de données, en particulier dans le domaine digital et marketing. En voici quelques-uns des plus couramment utilisés, classés par catégorie d’usage :

• Analyse du trafic web et du SEO : Des outils comme Google Analytics ou Google Search Console permettent de suivre vos indicateurs de performance web (trafic, sources, taux de conversion, taux de rebond, etc.) et de vous comparer à des références de votre secteur grâce à des données de benchmark intégrées. Pour analyser le SEO de vos concurrents, des solutions comme Semrush ou Ahrefs sont précieuses : elles donnent accès aux mots-clés sur lesquels vos concurrents sont positionnés, à leur trafic estimé, à leurs backlinks, etc., ce qui aide à évaluer votre retard ou avance en référencement naturel. SimilarWeb est également un outil populaire pour estimer le trafic des sites concurrents, leur taux d’engagement, et même la répartition géographique ou les sources de leur audience – très utile pour un benchmark digital global.

• Benchmark des réseaux sociaux : Sur le volet social media, des plateformes de gestion et d’analyse telles que Sprout Social ou Hootsuite offrent des fonctionnalités de social listening et de comparaisons multi-comptes. Elles permettent de suivre l’évolution de votre communauté (nombre d’abonnés, croissance, engagement) et de la confronter à celle de vos concurrents : par exemple, voir si votre taux d’engagement Facebook est supérieur ou inférieur à la moyenne de votre secteur, ou comparer la fréquence de publication et les types de contenus plébiscités. Ces outils peuvent fournir des rapports de benchmark social pour repérer où vous vous situez sur chaque réseau et ainsi ajuster votre stratégie de contenu en conséquence. Il existe aussi des solutions dédiées au suivi de la part de voix (share of voice) sur les médias sociaux, indiquant la proportion de mentions de votre marque vs. celles de vos concurrents dans les conversations en ligne.

• Analyse des performances mobiles et applications : Si votre activité comporte une application mobile ou un aspect mobile fort, des outils comme Data.ai (anciennement App Annie) sont très utiles. Data.ai agrège les données des app stores et des usages mobiles pour vous permettre de benchmarker votre application par rapport à vos concurrents : classement dans les stores, volumes de téléchargements, taux d’utilisation, revenus in-app, avis des utilisateurs… Vous pouvez ainsi voir où vous vous situez sur le marché des apps et identifier les fonctionnalités ou stratégies qui rendent certaines apps concurrentes plus performantes. Par exemple, si un concurrent obtient bien plus d’avis positifs, vous chercherez à comprendre quelles fonctionnalités ou quel support client fait la différence.

• Veille concurrentielle et études de marché : En complément des outils numériques, le benchmark concurrentiel passe par des méthodes plus traditionnelles de collecte d’information. La veille concurrentielle structurée consiste à surveiller régulièrement les publications, actualités, offres promotionnelles, innovations produits, campagnes publicitaires de vos concurrents. Des outils de veille ou simplement l’abonnement aux newsletters, blogs, réseaux sociaux des concurrents peuvent alimenter cette base d’information. Par ailleurs, réaliser ou se procurer des études de marché sectorielles fournit des données agrégées sur les parts de marché, les tendances de consommation, les positionnements prix, etc., qui servent de référence pour vous situer. Enfin, des techniques stratégiques comme l’analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) peuvent être utilisées à différents stades du benchmarking : en amont pour l’auto-évaluation interne, ou en aval pour synthétiser la comparaison avec chaque concurrent (ex. SWOT de la concurrence). Ces méthodes aident à structurer la réflexion et à transformer la masse d’informations collectée en insights actionnables.

Exemples Concrets de Benchmarking Réussi

Pour mieux illustrer l’intérêt du benchmarking, voici quelques exemples concrets d’entreprises ayant utilisé cette approche afin d’ajuster leur positionnement ou d’améliorer leur visibilité :

• Cas d’une PME e-commerce améliorant son marketing : Une petite entreprise de vente en ligne de vêtements a constaté une stagnation de son chiffre d’affaires. Elle décide d’effectuer un benchmark concurrentiel digital en comparant son site et sa communication en ligne avec ceux de deux concurrents locaux et d’un leader du e-commerce mode. L’analyse révèle que ses concurrents publient beaucoup plus régulièrement sur les réseaux sociaux et optimisent mieux leurs fiches produits pour le SEO. En réaction, la PME ajuste son positionnement de contenu : mise en place d’un blog conseil mode, augmentation de la fréquence de posts Instagram en s’inspirant des tendances qui marchent chez les concurrents, et optimisation technique de son site web. En quelques mois, elle observe une hausse de son trafic organique et de l’engagement client, améliorant notablement sa visibilité en ligne. Ce succès, dû à l’adoption de bonnes pratiques repérées grâce au benchmark, illustre l’impact concret d’une telle démarche.

• Cas d’une marque ajustant son positionnement produit : Un fabricant d’appareils électroniques grand public prévoit de lancer un nouveau modèle de casque audio sur le marché. Avant le lancement, il mène un benchmark concurrentiel approfondi sur les produits phares de ses trois principaux concurrents (design, prix, fonctionnalités, messages publicitaires). Il complète cela par un benchmark fonctionnel en étudiant une entreprise réputée pour son service après-vente exemplaire dans un autre secteur (par exemple l’électroménager), afin d’améliorer l’expérience offerte aux clients. Grâce à cette double analyse, la marque identifie un angle de différenciation pour son produit : elle décide de mettre l’accent sur la durabilité et un service client premium, constatant qu’aucun concurrent ne communique fortement sur ces aspects. Elle ajuste donc son positionnement marketing (messages axés sur la longévité du casque et la garantie étendue) et sa stratégie de communication en conséquence. Le produit se lance avec succès, trouvant sa place grâce à un positionnement affiné par le benchmarking en amont.

• Cas Xerox – pionnier du benchmarking : Un exemple souvent cité historiquement est celui de Xerox à la fin des années 1970. Confrontée à des concurrents japonais vendant des photocopieurs de meilleure qualité à des prix inférieurs, Xerox a entrepris un vaste benchmarking interne et externe pour comprendre comment rattraper son retard. L’entreprise a comparé en détail ses processus de fabrication et ses coûts avec ceux de ses concurrents, ce qui lui a permis d’identifier de nombreuses inefficacités. En adaptant les meilleures pratiques repérées et en revoyant complètement ses méthodes de production, Xerox a réussi à réduire drastiquement ses coûts et à améliorer la qualité, redevenant compétitive sur le marché. Ce cas exemplaire montre que le benchmark, appliqué avec méthode, peut conduire à des gains majeurs en performance et même sauver une entreprise dans un contexte concurrentiel difficile.

Ces exemples démontrent que, quelle que soit la taille ou le secteur, le benchmarking peut apporter un regard neuf sur sa stratégie et ses opérations, et orienter des décisions payantes pour renforcer sa position sur le marché.

Les Limites et Précautions à Prendre

Si le benchmarking est un outil puissant, son utilisation nécessite certaines précautions afin d’en tirer les bénéfices sans écueils. Voici les principales limites à garder à l’esprit et les bonnes pratiques pour y faire face :

• Risque d’interprétation erronée des données : Les chiffres et informations recueillis lors d’un benchmark doivent être analysés avec discernement. Il est facile de tirer de mauvaises conclusions si l’on compare des choses qui ne sont pas strictement comparables ou si l’on ne prend pas en compte le contexte. Par exemple, constater qu’un concurrent a un meilleur taux de conversion ne signifie pas automatiquement qu’il « fait tout mieux » – il peut cibler une audience différente ou bénéficier d’une notoriété construite sur le long terme. Il faut donc veiller à comparer ce qui est comparable et à approfondir l’analyse pour expliquer les écarts, sans se contenter de reproduire des chiffres bruts. De plus, une erreur classique est de prendre pour vérité absolue des données externes dont la fiabilité ou l’actualité n’est pas garantie. Il convient de vérifier ses sources et de mettre à jour régulièrement le benchmark pour intégrer les évolutions du marché.

• Adaptabilité au contexte de l’entreprise : Le benchmark n’est pas une recette miracle universelle qu’il suffirait de copier-coller. Ce qui fonctionne pour une entreprise donnée (en termes de stratégie ou de pratiques) n’est pas forcément transposable tel quel à une autre, en raison de différences de taille, de culture d’entreprise, de positionnement de marque ou de clientèle. Il est tentant, par exemple, de vouloir calquer la stratégie digitale d’un leader du marché ; or, les mêmes tactiques avec des moyens différents peuvent donner des résultats très variables. Il est donc crucial de garder un regard critique et d’adapter les enseignements du benchmark à son propre contexte. Le but est de s’inspirer des meilleurs pour innover à sa manière, et non de simplement singer la concurrence. Une bonne pratique est de toujours valider que les changements envisagés sont cohérents avec la vision, les valeurs et les ressources de l’entreprise. En somme, le benchmark éclaire la décision mais ne la dicte pas aveuglément.

• Questions d’éthique et de légalité : Analyser ses concurrents doit se faire dans le respect de certaines règles déontologiques. Il est bien sûr exclu de recourir à des pratiques illégales (espionnage industriel, obtention de données confidentielles de façon illicite) pour alimenter un benchmark. La plupart des informations utilisées devraient provenir de sources publiques, d’outils légitimes ou de données partagées volontairement. Par ailleurs, même si cela ne transgresse pas la loi, copier intégralement une initiative concurrente pose un problème d’éthique et peut entacher l’image de marque (sans compter qu’en communication, l’originalité est souvent plus payante que la copie). Il est donc préférable de considérer le benchmarking comme un exercice d’observation et d’apprentissage, et non comme du plagiat ou du pillage d’idées. Enfin, lorsque l’on compare des données internes entre départements (benchmark interne), il convient de le faire de manière constructive et anonyme si nécessaire, afin de ne pas créer de tensions inutiles entre équipes.

En respectant ces précautions, le benchmarking demeure un processus sain et bénéfique. Il faut simplement l’aborder avec méthode, esprit critique et intégrité, afin d’en tirer le meilleur parti tout en évitant les pièges.

Conclusion

En conclusion, le benchmark est un levier stratégique incontournable en marketing, communication et management. En définissant clairement ce que l’on veut comparer, en utilisant les bons outils et en analysant les données de manière objective, le benchmarking permet aux entreprises de se situer par rapport à leur environnement concurrentiel et d’alimenter en continu leur amélioration. Nous avons vu qu’il en existe différentes formes – du benchmark concurrentiel orienté marché au benchmark interne focalisé sur l’organisation, en passant par le benchmark fonctionnel ou digital – chacune apportant des enseignements complémentaires pour guider la stratégie.

Les points clés à retenir sont que le benchmarking aide à identifier les meilleures pratiques, à déceler les écarts de performance et à stimuler l’innovation en se nourrissant de l’expérience d’autrui. C’est un processus cyclique qui s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue : un benchmark réussi débouche sur un plan d’action, dont la mise en œuvre donnera lieu à de nouvelles mesures comparatives pour ajuster la trajectoire si besoin. Intégré de façon régulière à la stratégie, il devient un véritable outil de pilotage.

En somme, dans un monde où les marchés évoluent vite et où la concurrence est active, ne pas faire de benchmark, c’est un peu comme naviguer sans boussole. À l’inverse, pratiquer un benchmark régulier et rigoureux permet de garder le cap, d’ajuster ses voiles en fonction des vents du marché et d’atteindre plus sûrement ses objectifs. Pour les marques et entreprises soucieuses de rester performantes, le benchmark doit donc devenir une habitude stratégique, au service d’une communication et d’un marketing toujours plus efficaces et pertinents.